Mai - Juin 2020... 80 ans se sont écoulés depuis les tragiques événements de la campagne de France.
À partir du 10 mai, découvrez l’histoire de l’ouvrage de Rohrbach et de ses hommes, du début des hostilités à la reddition de l’ouvrage sur ordre de l’état-major français, au soir du 30 Juin 1940.
Un retour précis sur les événements vous sera proposé, jour par jour, sur la base de fonds documentaires inédits.
Rdv sur la page ainsi que sur notre site internet, pour un retour dans le temps...
À l’occasion du 80ème anniversaire de la bataille de France et pour rendre hommage aux 25 000 "soldats du béton" de la ligne Maginot, l’association Fort Casso vous invite à revivre, jour après jour, l’attaque allemande ainsi que la défense héroïque de l'équipage de l'ouvrage de Rohrbach.
Nous allons vous emmener dans le quotidien des 176 membres d'équipage, à travers le journal de marche du Lieutenant Huet, chef du bloc II (visible sur la photo).
En nous basant sur les dates clé des combats dans le secteur fortifié de Rohrbach, vous vous proposerons, jour après jour, de vous plonger au coeur de la vie de l'équipage...de l'encerclement à la reddition, en passant par les premières patrouilles ennemies et les attaques à répétition contre l'ouvrage.
Vous pourrez ainsi appréhender la vaillance et la combativité sans faille des de l'équipage de l'ouvrage, sous les ordres du capitaine de Saint Ferjeux...
Le 3 septembre 1939, la France déclare la guerre à l’Allemagne, en réponse à l’invasion de la Pologne, deux jours plus tôt. Dès les premiers jours du conflit, les troupes françaises entrent en Sarre, dans le cadre d’une opération qui visait à soulager la Pologne. Puis, à partir de mi-octobre 1939, les soldats français se retirent sur la frontière, pour passer l’hiver. Débute alors la « Drôle de guerre » (octobre 1939 – juin 1940). Au cours de ces mois, les soldats français surveillent la frontière, engagent quelques opérations de patrouille et échangent quelques tirs d’artillerie avec l’ennemi.
Sur la position fortifiée, les hommes des ouvrages et des casemates ne restent pas inactifs. On s’affaire à peaufiner les fortifications et on participe à des opérations de corps franc (petits groupes de soldats extrêmement mobiles). Le capitaine de Saint-Ferjeux, commandant de l’ouvrage de Rohrbach, dirigea lui-même un corps franc, constitué au sein de l’équipe d’ouvrage, et donna du fil à retordre aux Allemands. Les troupes du Rohrbach suivent des cours d’instruction au casernement de sûreté de Rohrbach-lès-Bitche et maintiennent l’ouvrage en état d’alerte. Des permissions sont octroyées aux troupes de forteresse au cours de l’automne et de l’hiver 1939-1940, afin de maintenir le moral des troupes.
Le 10 mai 1940, l’Allemagne déclenche le plan Jaune (« Fall Gelb ») et attaque les Pays-Bas et la Belgique. La ligne Maginot et le P.O. de Rohrbach s’apprêtent à entrer en action…
Avant que l’ennemi ne passe à l’offensive, les hommes d’équipage de Rohrbach essayent d’améliorer l’ordinaire comme en témoigne le Caporal-Chef Cauchy :
« au départ des habitants, [..] il restait une grande quantité de vivres [..] dans la région. Nous nous somme attachés à collecter le maximum, afin d’améliorer l’ordinaire. En plus des poules et des lapins, qui courraient au fond d’un des fossés du bloc, nous avions trouvé un gros cochon pour qui nous avons construit un enclos, à côté du bloc. Rapidement baptisé « Binus » par la troupe, le porc fut même conduit à la casemate voisine pour engrosser la truie de nos collègues, sans succès…. Un jour, on sait comment, Binus s’évada de son enclos ; on le retrouva entrain de se promener dans le réseau de barbelés qui ceinturait l’ouvrage. A peine gêné par les barbelés, les pointes acérées, et les obus piégés, notre Binus nous donna une peur bleue. En effet, le réseau était parsemé de pièges explosifs bricolés, selon les instructions, avec des obus de 120mm d’un modèle périmé : ces obus étaient enterrés et seule dépassait une tige qui faisait office de détonateur au moindre choc ; le système était critiquable, puisque notre Binus a basculé plusieurs de ces piquets sans aucun effet, heureusement !!! La bête finit tout de même sur la cuisinière du fort et chacun en reçut un petit morceau. »
Source :
Journal de marche du lieutenant Huet (mis à disposition de l’association par M. Patrick Perrin, retranscrit par F. Dannenhoffer) –
Témoignages des caporaux-chef Cauchy et Bom, recueillies et publiées par Olivier Koch dans le livre Le Petit Ouvrage de Rohrbach (disponible à la vente à la boutique du Fort Casso, à Rohrbach-lès-Bitche).
Lorsque la ligne Maginot fut construite, on met en place le même système de roulement que dans la marine. Et cela implique qu’il n’y aura qu’un lit pour trois hommes et ils dormiront dedans à tour de rôle. Mais ce système ne plait pas vraiment et les hommes s’organisent autrement, comme l’explique le Caporal-Chef Cauchy :
« il était prévu de faire comme dans la marine : fonctionnement en trois huit. Il devait donc y avoir une équipe de serve de guerre, une équipe en attente et la dernière au repos…On devait donc dormir, chacun son tour, dans les mêmes lits : ils rêvaient !!! Le Français étant un individualiste forcené, à commencer par moi, partager mon lit avec un autre, ça ne vas pas !!! On s’était donc dém… en tirant des sommiers dans tous les coins ; moi, je dormais dans le local de la tourelle, sur le plancher dans le recoin à coté du montage charge à munitions. J’avais installé un matelas, j’étais donc toujours à pied d’œuvre et ensuite on a aménagé une petite chambre à l’étage inférieur »
Source :
Journal de marche du lieutenant Huet (mis à disposition de l’association par M. Patrick Perrin, retranscrit par F. Dannenhoffer) –
Témoignages des caporaux-chef Cauchy et Bom, recueillies et publiées par Olivier Koch dans le livre Le Petit Ouvrage de Rohrbach (disponible à la vente à la boutique du Fort Casso, à Rohrbach-lès-Bitche).
En juin 1940, les troupes allemandes mettent en déroute l’armée française et le corps expéditionnaire britannique. L’État-major français ordonnent alors aux troupes d’intervalle du 166e RIF de se replier, à partir du 13 juin, vers le col du Donon, laissant les troupes de forteresse sur place pour assurer cette retraite. Le 17 juin, ces dernières devaient saboter leurs ouvrages et se replier à leur tour. Après la bataille de la Sarre (14 juin 1940), les troupes allemandes occupent progressivement les arrières de la ligne Maginot dans le secteur fortifié de Rohrbach. Le capitaine De Saint-Ferjeux prend la décision de rester dans l’ouvrage et de le « défendre jusqu’au bout, comme il en avait reçu la mission ».
Source :
Journal de marche du lieutenant Huet (mis à disposition de l’association par M. Patrick Perrin, retranscrit par F. Dannenhoffer) –
Témoignages des caporaux-chef Cauchy et Bom, recueillies et publiées par Olivier Koch dans le livre Le Petit Ouvrage de Rohrbach (disponible à la vente à la boutique du Fort Casso, à Rohrbach-lès-Bitche).
« Le jeudi 13 à 21h, les troupes d’intervalles partaient à l’aventure, vers des destinées qu’elles ne soupçonnaient pas. Les casemates et ouvrages de nouveaux front étaient isolées de leurs arrières. Le dernier ravitaillement que reçut l’ouvrage de Rohrbach fut un « ordre de jour » napoléonien du commandant Rubaldi.
Toute la journée, dirigées par leurs officier, de petites patrouilles armées circulent de blockhaus en blockhaus, accumulant dans l’ouvrage de Rohrbach divers matériel, munitions, armes, vivres…au point de doubler le stock existant. Pilotant une voiture d’un autre âge, le lieutenant Hacquard effectuait des raids audacieux. La résistance sera peut-être longue ! »
Ltn Huet
Source :
Journal de marche du lieutenant Huet (mis à disposition de l’association par M. Patrick Perrin, retranscrit par F. Dannenhoffer)
Témoignages des caporaux-chef Cauchy et Bom, recueillies et publiées par Olivier Koch dans le livre Le Petit Ouvrage de Rohrbach (disponible à la vente à la boutique du Fort Casso, à Rohrbach-lès-Bitche).
Alors que le 262ème ID s’approche de l’ouvrage, le capitaine De Saint-Ferjeux envoie une patrouille, commandée par le lieutenant Damour, vers l’avant-poste de la ferme de Olferding afin de vérifier que les hommes se sont bien repliés.
« Nuit agitée. Les avant-postes de Guising, bombardés et attaqués. Mais les tirs violents de nos deux tourelles stoppaient l’ennemi. Début de journée à peu près calme. Seuls quelques obus sur la casemate de Bining et l’ouvrage du Welschhoff.
A notre gauche, vers Sarralbe, de nombreux bombardiers ennemis (italiens je crois ) sillonnent le ciel, direction Est-Ouest avec un ballet aller et retour qui nous paraissait trop régulier. Dès 18h, les évènements se précipitent. A 18h30 (nous le saurons plus tard et hélas trop tard ), prise des postes avancés fortifiés d’Olferdingerhoff avec lesquels n’étaient établies aucune liaison téléphonique.
A 20h, sur l’ordre du capitaine de Saint Ferjeux, Commandant d’Ouvrage, partait une patrouille, emportant au poste avancé fortifié d’Olferdinghoff l’ordre de repli transmis par le capitaine Gollé, chef d’état-major de l’Intervalle du secteur fortifié de Rohrbach. Commandé par le lieutenant Gabriel Damour, comprenant le caporal-chef Jacques de Joybert, les soldats Gosse, Jung et Weber, ce petit groupe suivait le réseau-rail direction Ouest. Toutes les mesures de sureté étaient prises, et monté sur le bloc 1, l’aspirant Kalis surveillait le mouvement, prêt à intervenir en toute éventualité. 25 min plus tard, crépitement de mitraillettes, nuée de balles traçeuses dans la vallée, tirs de neutralisation de nos armes automatiques sur la ferme et le bois d’Olferdingerhoff, et un peu plus tard, un tir d’artillerie du Simserhoff, réglé par le Lieutenant Hacquard. Et puis le silence.
Bientôt nous revenaient nos 2 patrouilleurs, Weber et Gosse, ce dernier blessé au bras et le masque à gaz traversé par 2 balles. Après l’Armistice, nous connaitrons les faits et gestes de cette vaillante patrouille, par une relation allemande, dont voici la traduction française :
« Le Lieutenant Damour est venu comme chef d’une patrouille de reconnaissance de l’ouvrage de Rohrbach vers la ferme d’Olferdingerhoff. Lorsqu’il reconnut que la ferme était occupée par nos troupes, il ouvrit le feu. Nos troupes répliquèrent, la lutte fut de courte durée et se termina comme suit :
Le lieutenant Damour, grièvement blessé (balles dans le ventre et dans le bras) fut fait prisonnier et mourut 5 minutes après avoir été pris. Il fut enterré au cimetière militaire de Deux-Ponts. Les honneurs militaires lui furent rendus. Au cours de la même lutte, tombât le soldat français de Joybert, que nous ne trouvâmes que mort. Lui aussi est enterré à Deux-Ponts. Le soldat Jung Chrétien fut fait prisonnier par nous également. »
Le lieutenant Jacquot, avec succès, remplissait la même mission auprès de l’avant-poste fortifié de Guising. Et ce même poste avancé, à 22h30, protégé par nos tirs d’arrêt, effectuait son repli, franchissait le réseau-rail, pour partir, lui aussi, à l’aventure.
Et le capitaine Jouhannet, commandant la 2ème compagnie d’équipages de casemates, s’installait avec sa section de commandement à l’abri de Rohrbach.»
Ltn Huet
Source :
Journal de marche du lieutenant Huet (mis à disposition de l’association par M. Patrick Perrin, retranscrit par F. Dannenhoffer)
Témoignages des caporaux-chef Cauchy et Bom, recueillies et publiées par Olivier Koch dans le livre Le Petit Ouvrage de Rohrbach (disponible à la vente à la boutique du Fort Casso, à Rohrbach-lès-Bitche).
« Après le départ des avant-postes fortifiés et des quelques groupes de voltigeurs, laissés par les troupes d’intervalles, c’est l’isolement total. La passerelle du bloc d’entrée est levée et ne s’abaissera plus avant l’Armistice. Les portes de secours des blocs de tête sont fermées.
Dans l’après-midi, obus fumigènes sur l’ouvrage. Nous continuons nos tirs sur Guising, Bettviller, Heidersmuhl ou l’ennemi commence à s’installer. »
Le lieutenant Huet nous rend compte du moral de la troupe, confinée dans l’ouvrage.
« Supplément : une journée d’incertitude, le Dimanche 16 Juin 1940
Le 15 au soir, une parole du capitaine Gollé, Etat-major de l’Intervalle du secteur fortifié de Rohrbach, nous jetait dans la stupeur. D’après le plan général, toute la ligne Maginot devait se retirer vers le Sud, abandonnant ouvrages, casemates, travaux. Et ce en 4 échelons :
1) Les divisions de renforcement – cela était fait depuis fin mai
2) Les intervalles – le 13 Juin
3) Les Avant-postes – le 15 Juin
4) Les troupes de forteresse permanentes
L’ordre de repli n’était pas encore donné ; mais le principe était admis, et cet ordre, il fallait de toute urgence le prévoir et le préparer. Abandonner ces fières forteresses, objet pendant 10 mois de tous nos soins ! Partir sans armement individuel, sans moyens de transport ! et traverser un pays déjà truffé d’ennemis ! Et cependant, l’Ordre est là.
Toute la journée du Dimanche, c’est l’attente. Les heures s’écoulent, lourdes, longues et chaque minute passée semble nous délivrer peu à peu de cette angoisse L’investissement allemand se poursuit, bientôt le départ ne sera plus possible, et déjà trop tard. Et dans l’égoïsme du moment, cet investissement complet nous allons jusqu’à le souhaiter.
A 16h, à la Popote des Officiers, sous la présidence du commandant d’ouvrage, réunion des chefs de bloc et de service. Le départ semble imminent, il faut prévoir le sabotage de l’ouvrage, les transmissions seront rendues inutilisables, dans chaque bloc, les culasses des armes seront démontées et enfouies, l’usine surtout, ce poumon de l’ouvrage, sera détruite.
Il faut prévoir le repli. Provisions, linge, armes, munitions, rien ne doit-être oublié. Les sections de marche sont organisées. Il faudra éviter les routes, les villages, les fermes, pour s’enfoncer dans les bois. C’est au lieutenant Demazi que revient le commandement de l’Avant-Garde et il mérite cet honneur. Car il le connait, ce pays, lui qui, en des temps plus heureux, l’a parcouru bien souvent à cheval. Le Lieutenant Huet sera à l’Arrière-Garde. Les lieutenants Jacquot, Casso et l’adjudant-chef Florimont, avec quelques sapeurs, resteront à l’ouvrage. Ils feront le sabotage. Et puis ils…essayeront de rejoindre.
Le cœur lourd chaque chef rejoint bloc et service. Un rapport immédiat. La nouvelle est lancée. Et chacun va….sans un mot, sans un commentaire, avec tristesse, le sac est monté, la musette est remplie. Abandonner ses armes que l’on connait, que l’on a étudiées, que l’on a vérifiées et ce au moment de se battre ! C’est une véritable souffrance !
Et on attend, 20h, 21h, 22h….Rien. Et cependant, à chaque sonnerie de téléphone, le cœur a tressailli.
On s’enfonce dans la nuit, sans avoir reçu d’ordre. On s’endort presque tranquille, car demain, ce sera trop tard.
N.B : nous apprendrons plus tard que ce même dimanche, dans la soirée, le capitaine Alloin, chef d’état-major au secteur fortifié de Rohrbach, apportant au Simserhoff l’ordre de repli, avait été capturé par les allemands à quelques kilomètres du but. »
Ltn Huet
Source :
Journal de marche du lieutenant Huet (mis à disposition de l’association par M. Patrick Perrin, retranscrit par F. Dannenhoffer)
Témoignages des caporaux-chef Cauchy et Bom, recueillies et publiées par Olivier Koch dans le livre Le Petit Ouvrage de Rohrbach (disponible à la vente à la boutique du Fort Casso, à Rohrbach-lès-Bitche).
« Nuit calme. A 8h30, quelques Allemands s’approchent du bloc 3 et bientôt l’un d’entre eux, le chef sans doute, avec ses jumelles jetait un regard indiscret sur l’ouvrage. Mais la vigilance des Lieutenants Desmazis et Hoffmann contrecarra ses projets. Et pendant plusieurs jours, les corbeaux viendront planer au-dessus de l’endroit où l’adversaire était tombé. A 11h, 4 Allemands, venant d’Olferdingerhoff, passent le réseau-rail entre le bloc 1 et la casemate de Bining, et, en rampant, viennent se poster derrière un buisson face à la chambre de tir Ouest, le tout avec précaution mais pas suffisamment pour échapper à l’œil scrutateur de l’Aspirant Kalis, qui, à la disparition du Lieutenant Damour a pris le commandement du bloc. Les jumelages crachant, dans le buisson, immobilité complète. 10 minutes plus tard, 1 allemand esquisse un mouvement de repli, mais une nouvelle rafale lui permet de crier pour la dernière fois « Heil Hitler ». Les guetteurs, pendant toute la journée, continuent leur surveillance, mais de ce buisson ne sera plus aperçu aucun mouvement. Le tir était précis et bien réglé. »
Ltn Huet
Cette patrouille ennemie, essuie également des tirs de canons de 25mm du bloc I et des tirs de 75mm de l’ouvrage voisin du Simserhof (ouvrage qui tira plus de 13 000 obus dans le secteur de Rohrbach pendant les combats).
Les Allemands répliquent en utilisant leur artillerie (90 coups) mais sans faire de dégât.
Source :
Journal de marche du lieutenant Huet (mis à disposition de l’association par M. Patrick Perrin, retranscrit par F. Dannenhoffer) –
Témoignages des caporaux-chef Cauchy et Bom, recueillies et publiées par Olivier Koch dans le livre Le Petit Ouvrage de Rohrbach (disponible à la vente à la boutique du Fort Casso, à Rohrbach-lès-Bitche).
« L’ennemi nous harcèle. Des bruits suspects sont entendus dans les réseaux d’Infanterie. Évidemment des patrouilleurs armés de cisailles. Quelques audacieux viennent même à l’écoute auprès de nos cloches d’observation et à intervalles irréguliers, le silence de la nuit est déchiré par les armes automatiques de nos blocs qui se protègent mutuellement. Ce sera désormais la distraction de toutes nos nuits. »
Ltn Huet
Source :
Journal de marche du lieutenant Huet (mis à disposition de l’association par M. Patrick Perrin, retranscrit par F. Dannenhoffer) –
Témoignages des caporaux-chef Cauchy et Bom, recueillies et publiées par Olivier Koch dans le livre Le Petit Ouvrage de Rohrbach (disponible à la vente à la boutique du Fort Casso, à Rohrbach-lès-Bitche).
« Le bloc 1 est à l’honneur. Par obus traceurs, les armes mixtes de la tourelle font sauter 30 caisses de munitions, déposées par les allemands sur la route Bitche-Sarreguemines. Feu d’artifice tout à fait réussi. Vers 10h, 2 Allemands, qui sans doute connaissaient la chanson anglaise « nous irons faire sécher notre linge sur la Ligne Siegfried » voulaient à leur tour étendre leur chemise sur la Ligne Maginot. Mal leur en prit, une rafale des jumelages de la chambre de tir Ouest les abattit. Et pendant plusieurs jours on verra leurs cadavres se brunir au soleil.
C’est vers l’abri de Rohrbach, commandé par le Capitaine Jouhannet, que se dirigent les premiers éléments allemands venant du Sud, marquant ainsi l’encerclement des casemates du secteur.
A 14h, une colonne motorisée ( camions, autos-touristes, side-cards) est signalée venant de Lemberg en direction de Petit Réderching. Après un tir ajusté du Simserhoff, 3 véhicules sont détruits ; 6 continuent leur chemin vers Rohrbach, pris à partie par les FM et les mortiers de 50 de l’abri de Rohrbach, mais la plupart font demi-tour.
A 16h, 1 camionnette et 1 side-car, qui avaient perdu contact avec le gros de la colonne, sont immobilisés sur la route nationale, au sud de l’abri. Les occupants se camouflent dans les buissons. Le Capitaine Jouhannet organise immédiatement l’attaque : les véhicules sont mis hors d’usage ; à 17h, il fait sortir une patrouille de reconnaissante, se composant du sergent-chef Marmot, des soldats Robert, Legrand, Gourdon, Mauzerit du 166e RIF et du capitaine Davot du 1er Génie, munis de grenades et de leur armement individuel. Et bientôt, mission accomplie, ils ramenaient 4 prisonniers, 1 mitrailleuse FM, 1 Mauser et 3 pistolets automatiques. »
Ltn Huet
Source :
Journal de marche du lieutenant Huet (mis à disposition de l’association par M. Patrick Perrin, retranscrit par F. Dannenhoffer) –
Témoignages des caporaux-chef Cauchy et Bom, recueillies et publiées par Olivier Koch dans le livre Le Petit Ouvrage de Rohrbach (disponible à la vente à la boutique du Fort Casso, à Rohrbach-lès-Bitche).
« Tirs de nos armes automatiques sur la cote 384, sur les environs de la gare, sur le Stand et la ferme de Bombacherhoff. Nous apprendrons plus tard que 6 Allemands furent blessés (à Bombacherhoff).»
Ltn Huet
Source :
Journal de marche du lieutenant Huet (mis à disposition de l’association par M. Patrick Perrin, retranscrit par F. Dannenhoffer) –
Témoignages des caporaux-chef Cauchy et Bom, recueillies et publiées par Olivier Koch dans le livre Le Petit Ouvrage de Rohrbach (disponible à la vente à la boutique du Fort Casso, à Rohrbach-lès-Bitche).
« Nuit relativement calme. La journée sera plus mouvementée. L’ouvrage connaitra de près l’infanterie ennemie. Mais chacun vivra et combattra avec le courage qu’à su lui communiquer la forte personnalité de son commandant d’ouvrage, le capitaine de Saint Ferjeux, aidé dans sa volonté de vaincre par le commandant en second, le Lieutenant Jacquot. « On ne se rendra pas », tel sera le slogan, qui redonnera confiance et développera les ingéniosités de résistance. A 9h, un groupe ennemi, conduit par un officier, s’approche du bloc 2. Le lieutenant Huet organise la riposte et s’installe dans la cloche, où viennent se briser les obus ennemis. Belle résonance. Le FM de cloche déclenche un tir : 1 soldat allemand est tué au moment où il franchissait le barbelé, 1 Feldwebel blessé. Un canon anti-blindage placé au Moulin à plâtre, commence 1 tir de neutralisation sur les créneaux de cloche, pour permettre le décrochage des assaillants. Les créneaux résistent mais 1 FM sera brisé et le caporal-chef Bom, légèrement blessé. Un violent tir d’artillerie du Simserhoff découragera définitivement l’ennemi. Après l’Armistice, l’Oberleutnant demandera à être photographié à côté du Caporal Bom, en souvenir du danger couru ; il veut envoyer cette photo à sa fiancée. Jamais, dit-il il n’encourut un tel danger.
Dès ce moment, le lieutenant Hacquard, observateur d’artillerie, se rend compte que le bloc le plus exposé est le bloc d’entrée, commandé par le lieutenant Huet ; aussi un Marechal des Logis sera-t-il là, désormais, en permanence pour permettre un repérage plus précis des batteries ennemies. Et il fera du bon travail : les Allemands se plaindront de ce qu’ils appelleront le « canon-mitrailleur ». On la reddition du l’ouvrage du Haut Poirier et des casemates du 133è R.I.F. »
Ltn Huet
Lors de cet affrontement, le caporal-chef Bom, est blessé par l’obus allemand à la gorge, à la joue, à l’oreille, au nez, et au poignet gauche. S’il n’avait pas fermé le clapet de visé de son arme quelque instants avant que l’obus n’explose, il n’aurait pas survécu.
En plus des blessures dus aux éclats d’obus, il est blessé à la figure. Il a oublié de mettre le sac qui récupère les étuis. Les étuis brulants éjectés ricochent violemment contre la paroi de la cloche et lui tapent dans la figure.
Le caporal-chef est soigné à l’infirmerie du lieutenant Blanc après que le Simserhof ait réduit les canons allemands au silence.
Source :
Journal de marche du lieutenant Huet (mis à disposition de l’association par M. Patrick Perrin, retranscrit par F. Dannenhoffer) –
Témoignages des caporaux-chef Cauchy et Bom, recueillies et publiées par Olivier Koch dans le livre Le Petit Ouvrage de Rohrbach (disponible à la vente à la boutique du Fort Casso, à Rohrbach-lès-Bitche).
« Welschhoff bombardé. Quelques tirs de nos armes automatiques au profit du Welschhoff. Vers 6h, attaque de la casemate Ouest-Singling, par une batterie anti-blindage postée à 500m. Riposte immédiate du lieutenant Hirsch dont l’attitude se révèle énergique. Et bientôt le 47 de sa chambre de tir Ouest neutralisait la batterie ennemie : 1 canon démoli. Toute la journée, les 3 casemates de Singling sont bombardées par du 77 et du mortier de 80 ; les créneaux sont particulièrement visés et peu à peu détruits par de nombreux coups d’embrasure. Organisée par le lieutenant Hirsch et l’adjudant-chef Laplanche (grièvement blessé), la résistance est farouche et les équipages sont décidés à ne pas se rendre. Vers 15h, 1er bombardement de l’abri de Rohrbach. Le Pavillon est détruit. »
Ltn Huet
Source :
Journal de marche du lieutenant Huet (mis à disposition de l’association par M. Patrick Perrin, retranscrit par F. Dannenhoffer) –
Témoignages des caporaux-chef Cauchy et Bom, recueillies et publiées par Olivier Koch dans le livre Le Petit Ouvrage de Rohrbach (disponible à la vente à la boutique du Fort Casso, à Rohrbach-lès-Bitche).
« Toute la nuit, le bombardement des 3 casemates continue. Toutes les armes sont détruites ; les chambres de tir éventrées, l’adjudant-chef Laplanche, grièvement blessé, ainsi que le caporal Kayser. L’infanterie ennemie se prépare pour l’assaut final. La résistance s’avère impossible et à 7h, les casemates se rendent.
Matin et soir, nouvelles pluies d’obus et de torpilles sur l’abri de Rohrbach.
La casemate de Bining est prise à partie. L’ouvrage du Welschhoff est toujours bombardé. Le capitaine Lhuisset organise une magnifique résistance. 200 coups d’embrasure viendront briser les créneaux et anéantir les armes ; les obus de fort calibre ouvrent des brêches imposantes dans le béton et bientôt le bloc d’entrée ne sera plus qu’une masse uniforme. La situation devient critique : le capitaine de Saint Ferjeux aide son voisin et ami. Toute la journée et toute la nuit du 23 au 24, nos armes automatiques font de nombreux tirs de harcèlement pour enrayer les attaques de l’infanterie ennemie. »
Ltn Huet
Rohrbach assite impuissant à la chute de l’ouvrage voisin, le Welschhof. Lors de l’attaque allemande, l’ouvrage de Rohrbach tente des tirs de soutien, mais le Welschhof est hors de portée et les tirs retombent « comme des plumes ». Le Simserhof, lui aussi, a tenté une action pour neutraliser l’ennemi, mais ses canons de 75 mm n’ont aucune efficacité, car l’ouvrage est hors de portée.
Source :
Journal de marche du lieutenant Huet (mis à disposition de l’association par M. Patrick Perrin, retranscrit par F. Dannenhoffer) –
Témoignages des caporaux-chef Cauchy et Bom, recueillies et publiées par Olivier Koch dans le livre Le Petit Ouvrage de Rohrbach (disponible à la vente à la boutique du Fort Casso, à Rohrbach-lès-Bitche).
« A 0h35 sonnait l’Armistice.
Durant toutes ces journées, le lieutenant Hauth, commandant la casemate Nord-Et de la Station, reste en liaison étroite avec l’ouvrage de Rohrbach. « Lui non-plus ne se rendra pas ». Liaison par le téléphone ( les Allemands n’ont pas trouvé les « boites de coupure »). Liaison par le feu ( bloc 3 et casemate se protègent mutuellement ). La tactique allemande est un peu différente. L’ouvrage de Rohrbach était attaqué par le Sud, sur ses arrières. C’est du Nord que la casemate reçoit le bloc. Les cloches d’observation servent de cibles à un feu nourri de l’ennemi, cependant que des patrouilles essayent de s’infiltrer. Les nuits du 18 et du 23 seront particulièrement mouvementées.
Ainsi, les équipages de la casemate Nord-Est, de l’abri de Rohrbach et de l’ouvrage de Rohrbach, résolus à ne pas se rendre, ont-ils fait preuve d’un excellent moral et d’un grand esprit d’abnégation. Ils n’ont déposé les armes que sur l’ordre formel du gouvernement français.
Et le dimanche 30 Juin 1940, à 19h30, ces mêmes équipages abandonneront leur béton.
« Tout était perdu, hors l’honneur » »
Ltn Huet
Le 25 juin au matin, les officiers allemands se rendent devant les portes du bloc 2 pour demander à l’équipage de sortir. Selon les ordres, les armes doivent être démontées et les soldats du Rohrbach doivent patienter. Le capitaine de Saint-Ferjeux refuse de sortir et attend les ordres du commandement français. Le colonel Marion, envoyé par la commission d’armistice de Wiesbaden, doit normalement apporter les ordres. La route étant totalement impraticable (détruite par les canons du Simserhof quelques jours plus tôt) jusque Rohrbach, c’est finalement par l’intermédiaire du lieutenant-colonel Bonlarron (commandant du Simserhof) que l’ordre de reddition arrive : le 30 juin 1940, à 20h, les hommes sortent de l’ouvrage invaincus.
Face à l’attaque allemande sur le bloc, l’équipage de l’ouvrage de Rohrbach a été admirable et a conservé un esprit combatif jusqu’au cessez-le-feu, comme le témoigne le lieutenant Huet.
Source :
Journal de marche du lieutenant Huet (mis à disposition de l’association par M. Patrick Perrin, retranscrit par F. Dannenhoffer) –
Témoignages des caporaux-chef Cauchy et Bom, recueillies et publiées par Olivier Koch dans le livre Le Petit Ouvrage de Rohrbach (disponible à la vente à la boutique du Fort Casso, à Rohrbach-lès-Bitche).
Sur ordre de l’État-major français, les hommes déposent les armes après avoir vaillamment combattu. Ils sont faits prisonniers. Cependant les soldats allemands leurs rendent les honneurs. Le 30 juin 1940, au soir, 8 officiers et 148 sous-officiers et hommes de troupe défilent devant l’ennemi. Les officiers sont emmenés en camps de prisonniers en Autriche et les hommes de troupe en Tchécoslovaquie. Une douzaine d’hommes du Génie de l’ouvrage sont contraints de rester sur place. Sous la responsabilité du lieutenant Casso, ces hommes sont chargés d’expliquer le fonctionnement de l’ouvrage aux Allemands. Après quelques jours, ces hommes quittent également l’ouvrage et prennent la direction de la captivité… Certains d’entre eux ne cessèrent le combat, tel le lieutenant Casso, mais ceci est une autre histoire…
Source :
Journal de marche du lieutenant Huet (mis à disposition de l’association par M. Patrick Perrin, retranscrit par F. Dannenhoffer) –
Témoignages des caporaux-chef Cauchy et Bom, recueillies et publiées par Olivier Koch dans le livre Le Petit Ouvrage de Rohrbach (disponible à la vente à la boutique du Fort Casso, à Rohrbach-lès-Bitche).
Association Fort Casso - Mairie - Rue du Chanoine Châtelain - 57410 Rohrbach-les-Bitche - Tel : + 33 (0)3 87 02 70 41 - Mail: fort.casso@wanadoo.fr
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